Ceci dit, après mon transfert à Doha au Qatar, je me sentais déjà revenir en Scandinavie : le pourcentage de passager aux cheveux blonds dans l’avion était anormalement élevé! Eh oui, de retour au pays des Vikings, des vélos, du vent (et des éoliennes) et où tout coûte une petite fortune! C’est donc avec enthousiasme que j’ai repris mon vélo (ah mon cher vélo!) pour me rendre à l’école lundi et ainsi retrouvé mes amis. Je me croyais un peu comme au secondaire où tout le monde revient de deux mois de congé et où chacun raconte son été… sauf que cette fois chacun était dans son petit coin de l’Europe!
Alors cette semaine j’ai décidé d’écrire sur des faits ou des évènements qui sont survenus durant le voyage et qui m’ont marqué, qui m’ont surpris (en bien ou en mal) ou qui m’ont fait rire! Il y en a pas mal alors prévoyez un peu de temps pour cette chronique. Il n’y a pas vraiment d’ordre : je les écris au rythme de mes souvenirs!
-Au Laos les restos ont tous des menus. Par contre, il est bien de prévoir un 1er choix, un 2e choix et même un 3e choix avant que la serveuse ne vienne prendre la commande. En fait, c’est qu’habituellement le trois quart du menu n’est pas disponible « ce jour-là »! Pourquoi ne pas le dire tout de suite que tu n’as que 3 choix, au lieu de me montrer une liste de 10 mets avec 7 non disponibles! Haha!
-Les repas au resto n’arrivent aussi JAMAIS en même temps. Il n’y a probablement souvent qu’un seul cuisinier dans la cuisine et comme il n’est pas stressé, c’est prêt quand c’est prêt! Une fois notre serveur avait oublié de donner la commande de notre deuxième plat et, comme nous pensions que cela était dans le délai normal des choses, cela a pris 30min avant que nous réalisions que ce n’était pas normal et qu’il nous avait oubliés!
-Au Laos, les gens vivent à 80% dans les campagnes et sont très pauvres. Leurs maisons sont habituellement construites en bois avec des toits de feuilles de palmier séchées. Tout est très rudimentaire et ils n’ont évidemment pas de divan. Paradoxalement, et ce même s’ils ont parfois l’électricité que 4h par jour, beaucoup possèdent une antenne satellite pour écouter… la télévision! La grande famille au complet est donc assise par terre pour écouter un match de soccer! Drôle de choix!
-Dans les gares de bus au Laos il y a souvent des « fastfood » pour manger rapidement. Cela consiste en des similis BBQ, mais parfois c’est très dur de reconnaître de quelle viande il s’agit. Une fois on avait réussi à comprendre que c’était du poulet, mais on ne nous avait pas dit quelle partie du poulet… officiellement la chose la plus dégueulasse que j’ai mangée durant tout le voyage! Cerveau? Estomac? Je ne le saurai jamais.
-Au Laos, les routes sont si sinueuses et montagneuses que le conducteur distribue des sacs pour vomir avant de partir… et, croyez-moi, les gens les utilisent vraiment! Ce n’est pas pour rien que la vitesse moyenne est de 30km/h! Ça tourne en ****!
-En plus des sacs à vomi et des routes défoncées, les Laotiens adorent remplir les bus à craquer. L’allée centrale des bus (là où on marche pour se rendre à son siège) se remplie habituellement… de chaises de plastique! Eh oui! Pas de perte d’espace mes amis! Tout le monde est pris dans un même pain, plus moyen de circuler! Et que de confort!
-Encore dans les bus au Laos : paradoxalement avec leur goût de remplir les bus à craquer, ils se plaisent à mettre un numéro de siège sur les billets! Ça c’est vraiment une bonne blague… les numéros, personne ne les respecte! Premier arrivé, premier servi. Dernier arrivé, sur une chaise de plastique!
-Encore dans les bus au Laos : personne ne sait à quelle heure le bus arrivera à destination. Chaque agence lance un chiffre (au hasard?) sur la longueur du trajet : 7h, 7h30h, 9h. Avec l’expérience on comprend qu’il faut prendre le plus haut estimé et ajouter au moins 2 heures…
-Encore dans les bus au Laos : à Sam Neua, personne ne sait vraiment quand les bus partent. L’office de tourisme parle de midi, le gars de l’hôtel parle de 10h, le livre parle de 13h alors on se rend pour 11h30. Finalement le bus est là, mais il part seulement quand il est plein : à 15h! Étant arrivés autant d’avance, nous avions au moins pu prendre un bon siège!
-Comme 1$ vaut 8000kip au Laos, et qu’il n’était pas supposé avoir de guichet dans tout le nord du pays, nous avons retiré 7 millions de kip avant de partir dans cette région! La plus grosse coupure étant 50000kip, cela nous faisait donc une «palette» de 140 billets de banque... En fait, pour vous donner un point de repère, c'était l'équivalent d'avoir 875$ en billet de 6$! Nous étions désormais millionnaires et je n’ai jamais eu autant de billet dans mes mains!
-Dans le métro de Bangkok, il y a des places réservées pour les handicapés, les femmes enceintes et… les moines! Wow!
-Fait intéressant, il n’y aucune chaîne de fastfood au Laos et au Cambodge. Un des rares endroits sur la planète où McDo n’a donc aucune emprise!
-Beaucoup de Laotiens et de Cambodgiens ont un cellulaire, bien qu’ils soient vraiment pauvres. Ça me fait rire parce que ces pays ont en fait sauté une étape : ils n’auront jamais connu et ne connaîtront jamais de téléphone fixe à la maison. Ils ont sauté directement au cellulaire!
-Au Cambodge, tous les bus ont une télévision à l’avant qui fait jouer sans arrêt (et assez fort) de la musique pop khmer avec les paroles dans le bas. Au moins les gens ne chantent pas comme dans un karaoké, mais c’est tellement mauvais! La première heure c’est drôle, mais après on n’est plus capable.
-Laos et Cambodge : il est très important d’enlever ses chaussures avant d’entrer dans une maison/hôtel/auberge… Paradoxalement, comme ce n’est pas toujours propre à l’intérieur, on passe notre temps avec les bas complètement sales!
-Dans les hôtels et les restos, c'est incroyable les fautes d'orthographe qu'ils peuvent faire. Parfois, cela est un peu cocasse. Hamburger with bee (abeille, au lieu de beef), stream rice (stream = ruisseau au lieu de steamed = à la vapeur) et parfois il y a même des règles un peu douteuses. Regarder la photo au point 6. Évidemment ils veulent probablement dire prostitute et non prostate! haha.
-J’ai étonnamment entendu plus de français au Laos et au Cambodge que durant toute la dernière année à Copenhague. Moi, ça m’énerverait d’être Français et d’aller aussi loin pour me rendre compte que en fait j’entends encore plein de Français autour de moi!
-La chose qui m’a constamment épaté au Cambodge : c’est fou ce qu’ils peuvent mettre et attacher sur leur scooter. Voici quelques exemples de chargement : un matelas double (je ne comprends toujours pas comment ça tenait), 5 poches de 50kg de riz, deux énormes cochons, un couple et ses 4 enfants (6 personnes au total, aucun casque)… Au Cambodge, pas besoin d’une voiture ou d’un mini-van familial: une moto fait amplement l’affaire!
-C’est fou comment nous avons recroisé par coïncidence les mêmes personnes en quelques occasions. Corey à Vang Vieng/Luang Prabang puis à Angkor un mois plus tard. Un Anglais à Nong Kiaw et Sam Neua puis sur la plage à Sihanoukville trois semaines plus tard. Marie (Française) à Muang Sing, puis à Vientiane 4-5 jours plus tard. Spencer et Melissa (Canadiens) à Muang Ngoi puis à Vientiane 4-5 jours plus tard. Andrea (Italien) à Chi Phat, puis à Siem Reap. Un couple d’Hollandais qu’on a croisé 3 fois en trois villes différentes, mais avec qui nous n’avons jamais pu parler plus de 10min… C’est quand même fou!
-Du 20 juillet au 25 août, ce qui veut dire pendant plus d’un mois, je n’ai pas pris une seule douche à l’eau chaude! Bon évidemment l’eau n’était jamais glaciale, mais elle n’était jamais tiède non plus. Je vous laisse imaginer ce que j’ai fait en arrivant à Copenhague…
Maintenant j’aimerais répondre à des questions qu’on se fait souvent poser en revenant de voyage!
Le plus beau paysage? J’hésite entre Vang Vieng en kayak ou le trek à Muang Ngoi. Les deux au Laos.
Le moment le plus émouvant? Au Cope Museum à Vientiane, en regardant le témoignage d’un père et d’une mère qui décrivaient comment ils ont essayé de sauver leur enfant après qu’une bombe datant de la guerre du Vietnam ait explosé avec 32 ans de retard.
Le plus stressant? La première nuit sans nos passeports à Luang Prabang… Pas besoin de plus de détail.
Le plus froid? Dans le train de nuit Bangkok-Vientiane. On dirait qu’ils sont si heureux quand ils peuvent avoir froid qu’ils mettent l’air climatisé jusqu’à temps qu’il fasse 12 degrés.
Le plus chaud? Angkor Wat, après 10km de vélo à 45 degrés.
La meilleure nourriture? Celle qu’on a cuisinée à Bangkok! Haha!
Le plus épicé? Poulet Massala à Phnom Penh. Cela m’a pris 1h30 pour manger et je n’ai même pas été capable de finir!
La fois où je me suis le plus senti comme un local? Sur mon train de bambou à Pursat.
La chose dont je vais le moins m’ennuyer? Le regard des enfants qui quêtent avec leur père handicapé sur la plage de Sihanoukville.
La fois où cela a été le plus dur? Le trek à Muang Sing avec le guide qui courait en avant, la pluie, les sangsues, le sentier non déblayé… on ne pouvait même pas s’arrêter pour prendre une photo et boire de l’eau parce que ça nous « ralentissait »!
Une des fois où j'ai le plus ri? Regarder Gen dormir dans le mini-van avec la route défoncée le lendemain du trek de fou à Muang Sing! À gauche, à droite, en haut en bas!
La fois où j’ai eu le plus peur? Juste avant de revenir à Bangkok (à la fin du voyage) je désire mettre les dernières photos des temples d’Angkor sur ma clé USB, qui contient toutes les photos du voyage. L’ordinateur me signale qu’une erreur est survenue en essayant d’ouvrir la clé USB. Je la sors et l’insère donc de nouveau, et là je réalise que toutes les données sont maintenant corrompues/illisibles. En d’autres mots, il n’y a plus de photos sur la clé, que des fichiers avec des signes bâtards &¬¤\[]~ qui ne peuvent plus être ouverts! Je viens de perdre TOUTES les photos du voyage, car je ne les ai plus sur ma carte mémoire et je n’ai pas d’autre backup! J’essaie sur d’autres ordinateurs, mais les photos ont bel et bien disparu. Je capote donc pendant un bon 15min avant de respirer un peu et de mettre en branle mon système D (D pour débrouillardise). Je lis sur des forums sur Internet et trouve finalement qu’il existe des logiciels qui réussissent parfois à récupérer les fichiers corrompus dans des cas comme celui-là. Le premier logiciel ne fonctionne pas, évidemment. Cela aurait été trop facile. Finalement j’achète la licence d’un autre via Internet qui réussit à réparer et récupérer mes données! Yihaaaaaaa. J’aurai perdu 5h devant l’ordi et 70$, mais au moins je n’aurai pas perdu les photos de tout ce voyage! Il y a des choses qui n’ont pas de prix.
La fois où j’ai été le plus confus? Nous sommes le soir du trek dans la jungle à Chi Phat. Après avoir installé nos hamacs les gens d’une maison juste à côté nous invitent à boire du vin de riz avec eux. Nous y allons donc gaiement et à l’heure du soupé nous revenons manger à notre abri. Une heure plus tard, un jeune homme arrive en courant avec notre guide et nous dit de le suivre, qu’il faut partir et vite. Je peux lire l’urgence sur leur visage, mais comme ils ne parlent pas anglais je ne sais pas ce qui se passe. Nous mettons nos souliers sans attacher les lacets, les suivons quelques pas plus loin et finalement nous comprenons : un homme est sorti de la maison derrière nous et a une hache dans les mains… puis un deuxième homme sort et s’avance vers lui avec une machette! Ils sont complètement saouls et se crient après… L’un d’eux est complètement furieux et frappe de toutes ses forces sur la clôture. Ils sont à moins de 20m de nous… Nous sommes environ 7-8 témoins de la scène et personne ne veut même tenter de les approcher tant ils ont perdu la tête. Les enfants se mettent à pleurer et la tension monte d’un autre cran. Mon cerveau tourne à pleine capacité : nous sommes au milieu de la jungle à 15km de marche d’un village qui est à 30min de moto de la route principale qui est à 3h de l’hôpital la plus proche. Il y a deux hommes qui veulent se tuer devant nous et nous ne savons pas pourquoi (Sommes-nous concernés?). J’attache mes souliers et je suis prêt à courir pour ma vie si un revirement se produit. Finalement, un des deux a perdu pieds tellement il était saoul et les autres hommes ont attrapé son arme au vol. Le guide nous a ensuite dit que nous allions changer de campement… mais finalement il a changé d’avis. Comme notre guide ne parlait pas anglais, nous n’avons jamais pu savoir ce qui s’est vraiment passé.
Finalement, la question qui tue : Laos ou Cambodge? Les deux sont assez différents. Décidément, le Laos pour les paysages, pour l’aventure car c’est beaucoup plus difficile de voyager et moins touristique. C’est plus pauvre aussi. Je retiens aussi du Laos les autres voyageurs que nous avons rencontrés : que des gens avec des belles valeurs. Ces derniers sont habituellement plus âgés (25-33 ans), très ouverts d’esprit et très cultivés. On ne va pas au Laos pour des belles plages avec des centaines d’autres touristes ; on va au Laos pour sortir des sentiers battus… Cela exige donc un certain type de personnalité. D’un autre côté, je retiens du Cambodge le sourire des habitants, l’accueil des habitants, les temples d’Angkor, les habitants… est-ce que j’ai dit les habitants? Vraiment un peuple profondément sympathique. Le Cambodge aussi pour la nourriture qui est beaucoup plus riche et diversifiée qu’au Laos. Le Cambodge aussi pour les motos et leur chargement!
Bon, cela termine donc officiellement ce voyage en Asie. Je suis très content des pays que nous avions choisis au départ. C’est bien aussi d’avoir visité seulement deux pays. J’ai rencontré des gens au Cambodge qui faisaient 4 pays pour la même longueur de voyage et ils ne faisaient donc que les grandes villes. C’est bien, j’ai moi-même voyagé comme ça dans le passé (en Espagne en autre!!) Cela permet de voir beaucoup de choses différentes, mais on s’imprègne moins du pays et de la culture dans ce temps-là. Et cela ne laisse pas vraiment le temps de se rendre loin dans des montagnes pour faire des treks. C’est différent.
J’aurai une bonne session d’école cet automne, la plus chargée de ma maîtrise en fait. Pour l’instant il n’y a donc pas de voyage de prévu dans les prochains mois. J’ai eu une assez bonne dose cet été de toute manière alors je suis bon pour un petit bout maintenant!
Merci à tous ceux qui nous ont suivis assidûment durant l’été. On écrira sûrement un peu moins souvent cet automne, mais l’aventure se poursuit quand même! D’ailleurs Gen racontera sûrement bientôt son dernier mois au Québec.
À suivre!
Mat